Poétesse ... écrivain ... funambule des mots

Hé oui, il y a des jours qui vous transportent au firmament du bonheur …

Ce matin était un matin comme les autres. J’avais déjà élaboré mon planning du jour : balade matinale du toutou, courses, rebalade du toutou, ménage-nettoyage, micro-pause tv, re-rebalade toutou, repas, douche et enfin repos. Bref programme aussi morne que le comptage de mes orteils.

Histoire de me donner du cœur à l’ouvrage, après la balade toutou, je discute en messagerie avec Marc et sans trop savoir pourquoi il me parle de sa compagne qui est aquarelliste. Il m’envoie une première photo, une aquarelle réalisée par Sara Farokhi, suivie d’une série d’autres photos.

Aussitôt, je sens monter en moi une certaine effervescence ; il me fallait, de toute urgence, du papier, un crayon et ma sacro-sainte gomme. Les mots se bousculaient dans ma tête. C’était un besoin impérieux, la fièvre plumistique m’avait percutée de plein fouet et sans crier gare, les mots se sont alignés, les phrases se succédaient avec une facilité déconcertante.

Pause course, ménage-nettoyage abandonné et malgré l’éloignement temporaire avec mon crayon, mon esprit restait habité par l’aquarelle. Les idées s’entrechoquaient ; certaines restaient, d’autres s’envolaient à peine formulées. Sitôt rentrée, j’enchaîne avec la rebalade du toutou. Tandis qu’il patauge dans la boue, la suite de mon texte s’inscrit en lettres de feu dans ma mémoire.

Retour quasi au pas de charge, pas question qu’une bourrasque de vent emporte ce magnifique texte. Enfin, je retrouve mon crayon qui semble trépigner d’impatience. La gomme a comme un regard de reproche. Elle semble me dire : « Comment as-tu pu nous abandonner dans un moment aussi intense que magique ? ». C’est à peine si je ne m’excuse pas lorsque mon porte-mine s’installe confortablement dans ma main. C’est reparti, les mots s’alignent avec frénésie. Parfois la gomme s’invite afin de calmer le tourbillon de phrases. J’écris, je gomme, j’écris encore et encore. Parenthèses par-ci, astérisques par-là, ratures et contre-ratures. Enfin, je peux passer à la transcription sur le pc.

Le soir venu, c’est avec bonheur que je publie mon texte, non sans l’avoir fait lire à mon meilleur ami, Jean-Gabriel qui désespérait de me voir reprendre la plume. Bien évidemment Marc reçut également mon écrit. Sa compagne, Sara, lut et fut toucher par la « justesse » des mots.

Ce qui m’amène à dire qu’une journée qui s’annonçait banale, s’est transformée en un miracle. Depuis je plane sur mon petit nuage lettreux, à défaut d’être laiteux.

©Mannuella Iseni