MUSEE DES COMMERCES D'AUTREFOIS ... UNE VISITE PAS COMME LES AUTRES

La journée s’annonce chaude … comme depuis le début de ces vacances hors du commun … En compagnie de Patricia … charmante et pleine d’entrain … ainsi que de mon cher « Squatteur neuronal » … je vadrouille dans les rues de Rochefort-sur-Mer.

Mais avant de poursuivre … je fais une petite parenthèse pour vous présenter mon « Squatteur neuronal » … pas très grand … il me fait penser à Prof
ou Jiminy Cricket … Il est un peu la voix de ma conscience … tantôt sagesse … tantôt diablotin … Il faut dire qu’il en a passé du temps dans ma boîte crânienne … tentant d’y mettre bon ordre … Hé oui … j’ai bien dit « tenter » car c’est que j’y tiens à mon bordel cérébral … même si c’était sans compter sur le côté maniaque de mon squatteur qui n’a rien trouver mieux que de s’installer dans mon grenier cérébral … et ce fut parti pour une longue période de tri … rangement … classement vertical … quelle idée saugrenue !!! Il y eut mutinerie … et oui … cher squatteur … tu l’ignorais mais ma boîte crânienne est une véritable H.L.M … Habitation à Locataires Multiples !!! et ce fut la mutinerie au sommet … jetant par-dessus bord mon cher ami … depuis lors … une solide amitié nous lie … la mayennaise pris dès le début … ce qui clôt la parenthèse … clin d’œil belge à mon ami charentais.

Revenons à cette belle journée … où j’ai visité le musée des commerces d’autrefois … Dès l’entrée … je suis transportée dans le passé … certains de ces commerces de naguère existent toujours … ce qui frappe c’est l’évolution … et très rapidement … en fermant les yeux … j’imagine sans peine les commerçants de l’époque … quand la vie n’était pas encore une course … que les échanges étaient encore au centre du commerce … que l’humain passait avant l’aspect financier … quand le client et le commerçant avaient du temps à partager … quand la vie avait encore cette saveur qui s’appelle l’échange.

La visite commence bien … le « bouilleur » … parlerait-on de ce petit démon qui fait bouillir ma marmite d’incorrigible indisciplinée vivant dans mon
grenier cérébral ??? Mais non … il s’agit de la personne qui surveille de près la chauffe l’eau de vie dans l’alambic … ça promet !!! Me parler de cognac dès l’entrée … nectar de la Charente-Maritime … de l’or en bouteille … du soleil dans le verre pour finir en coulée de lave au fond de la gorge … Cependant ma préférence va au Pineau des Charente … doux breuvage au palais comme la caresse d’une plume … Je pense plume … et que vois-je à quelques pas ??? Une plume et un encrier … il n’en faut pas plus pour m’attirer … je m’installe sur le banc … une feuille blanche traîne là … et c’est plus fort que moi … je trempe la plume dans l’encre … et aussitôt c’est un ballet féerique … il n’y a pas plus douce mélodie que le bruissement de la plume sur le papier !!! Dictée faite par une institutrice des temps anciens … un sans-faute … Youpie … j’ai réussi l’examen de fin primaire de l’année 1965 !!! Quoi de plus normal dès que de fêter cela … au bistro du coin ??? Patron un diabolo-menthe svp … Sur les tables des cendriers … des carafes de vin … journaux et jeux de cartes … le bar du village c’est plus qu’un débit de boissons … c’est la « gazette » vivante du village … où chacun y va de sa petite histoire … c’est ici que les infos font la une … que les ragots circulent … que la vie se commente … le Facebook du village.

Je passe la porte d’à côté … où chapeaux et gants complètent merveilleusement bien les costumes des hommes … agrémentent les toilettes des dames … accessoires élégants qui mettent en valeur les uns et les autres … ils sont plus qu’une pièce de mode … c’est le signe extérieur d’un rang social … objet dont les dames se parent pour rivaliser de coquetterie … Les toilettes de jadis sont de véritables chefs d’œuvre de tissus … alliant le chic et la classe aussi bien au féminin qu’au masculin … et c’est un défilé de mode permanent dans les rues du début du XIX^ème siècle … et tandis que je suis là … à admirer les coiffes … je ne puis m’empêcher de revisiter mentalement un autre lieu … le musée de Montmartre à l’époque de Renoir et consort … quelque chose en moi vibre … comme un souvenir lointain … serais-je folle ??? Possible … et pourtant au fond de ma mémoire y a comme un écho de déjà vécu … mémoire ancestrale ou vestige d’une réincarnation ??? Allez savoir !!!

Petits bobos ou blessures importantes … malades imaginaires ou souffreteux … pas un est un inconnu pour l’apothicaire … bien souvent le confident des uns et des autres après le tenancier du bar … D’une potion « grand-mère » il soigne … guérit … lui aussi comme les autres commerçants … prend
le temps d’écouter les petits malheurs et les grandes peines de ses clients … il connaît l’histoire médicale de chaque villageois … et si un nom vient à lui échapper … il associe sans l’ombre d’un doute une maladie à telle ou telle famille … Les fioles et les bocaux alignés dans son armoire sont autant de philtres magiques pour l’enfant qui sommeille en moi … qu’il est tentant de mélanger remèdes et de jouer les apprentis sorciers … Oh … que vois-je sur le comptoir ??? Mais oui … c’est bien cela … un flacon de sirop et soudain … je me revois dans la cuisine de ma grand-mère paterne s’échinant à me faire avaler une cuillerée de son sirop au goût si particulier et que je détestais tant … saveur gravée à tout jamais dans ma mémoire gustative … car le goût me revient à la bouche comme si c’était hier …

Bonjour Docteur … sommité locale après le notaire … il connaît tout le monde … est médecin de famille de génération en génération … présent lors d’évènements heureux tout comme des tristes moments … il partage la vie de tout un chacun comme un membre de la famille … et sa table d’examen si archaïque aujourd’hui en aurait des histoires à raconter … quant aux instruments … ils semblent sortir tout droit d’une salle de torture … Madre de Dios … est-ce à cela que ressemblait le cabinet médical d’antan ??? Ben oui … quel choc comparé à nos salles d’attente et cabinets médicaux si aseptisés que c’est presqu’un crime que de s’y rendre malade … alors que je patiente … d’un bond spatio-temporel … je rôde dans les couloirs de l’Hôpital de la Rose à Lessines … dans le Hainaut en Belgique … le plus ancien hôpital d’Europe … mais déjà … c’est mon tour … j’entre et … Horreur !!! la chaise du dentiste … me serais-je trompée de médecin ??? Au secours … je promets de dire la vérité … toute la vérité … mais par pitié … gardez loin de moi cette fraise primitive … euh … ouf … c’était un cauchemar éveillé.

Trop curieuse dirait mon arrière-grand-mère … mais d’autres salles m’appellent et je me retrouve au lavoir-teinturerie … et je me dis … que de mains

abîmées dans les bacs d’eau chaude … d’eau froide … que des dos courbés sur les planches à lessiver … quand les lavandières se réunissaient dans
les lavoirs publics … mais déjà mon regard est attiré par quatre bocaux sur le coin du comptoir de l’épicerie d’à côté … bonbons et boules sont là à portée de main … j’ai envie de plonger dedans et chiper un bonbon comme dans mon enfance … Et là … qu’est-ce donc ??? Une graineterie … je ne connaissais pas … aussi loin que remonte mes souvenirs … je ne me rappelle pas avoir vu ou connu ce genre de commerce … j’ai très envie d’ouvrir tous les tiroirs et vérifier si mon cher Squatteur neuronal y aurait fait le ménage comme dans mon grenier cérébral … mais pas le temps … guidée par le doux arôme du café … je découvre un torréfacteur … pour le coup … je reviendrais en arrière … au bar du coin pour prendre un café.

Je poursuis ma visite … pour arriver chez le coiffeur … mais oserais-je lui demander une coloration et un brushing ??? J’hésite … tant le matériel est d’un autre temps … je préfère ne point m’y attarder … pas envie de me faire crêper le chignon … un coup
d’œil chez le boucher où ni la pièce de bœuf … ni la côtelette m’ouvre l’appétit … il me faut bien l’avouer … je ne suis pas très viande … alors que le commerce voisin réveille ma gourmandise légendaire … oups … je ne suis pas gourmande ce sont mes papilles gustatives qui sont curieuses … Hummmm … la bonne odeur du pain et des baquettes exposés aux côtés des viennoiseries et tartes me mettent l’eau à la bouche … la table dressée est une incitation à la dégustation … et je me vois bien assise devant un grand bol de chocolat chaud trempant une épaisse tranche de craquelin beurrée … Derniers clichés sur une visite pas comme les autres … le photographe où le temps d’une pause … je pose … immortalisant des vacances dont je me souviendrai longtemps …