Poétesse ... écrivain ... funambule des mots

Poétesse ... écrivain ... funambule des mots

LANGUE DE CIRE ET PAPOTAGE GLISSANT

Paris - Eté 2008... Alors qu'il pleut, la Madame de Français trouve refuge au musée Grévin où l'attend une rencontre dont elle se souviendra longtemps...Un dialogue s'installe alors entre la Madame de Français et une écrivaine belge, née au Japon en 1967...

 

A.N: Est-ce que nous nous connaissons?

 

S.R: Ni d'Eve ni d'Adam... Mais pour rien au monde, je ne manque vos interviews télévisées et j'ai lu toutes vos œuvres.

 

A.N: Vous aussi, on vous a remisée dans le coin le plus sombre de cette maison?

 

S.R: Non... Je suis arrivée par mes propres moyens...

 

 

A.N: Vous vous êtes égarée?

 

S.R: Pas du tout... Demandant à l'un, interrogeant l'autre, je vous ai localisée dans ce décor théâtral...

 

A.N: Depuis que l'on m'a faite, je siège à cet endroit...

 

S.R: Vous faites plus vraie que nature... Il ne m'avait pas encore été donné de rencontrer une statue de cire animée...

 

A.N: Vous n'imaginez pas mon calvaire!

 

S.R: Racontez-moi... Je suis tout ouïe...

 

A.N: Amélie, mon modèle, a été invitée à ma création... A son arrivée, un amas de cire trônait au milieu de la salle... Amélie a cru a la résurrection de Prétextat... Elle s'imagina que l'Hygiène de l'Assassin était remise en cause...

 

S.R: Je ne vois pas là matière à expliquer votre état d'étonnement que vous abordez ici en permanence...

 

A.N: J'y viens... Je disais donc que, face à la montagne de cire, on aurait dit de la gélatine condensée... Elle fut littéralement pétrifiée... C'est l'instant que choisit le photographe pour immortaliser le moment...

 

S.R: Bon, j'admets que cela corrobore votre air actuel mais ne règle pas pour autant votre agitation... Il n'a jamais été question qu'Amélie souffre de Parkinson, ou alors, son entourage le cache bien...

 

A.N: Non... Elle se porte tout à fait bien... Patientez quelques minutes et vous aurez le fin mot de l'histoire...

 

A.N: Là, voyez la foule sur la scène, observez l'enfant au fond... Celui qui tourne la tête dans notre direction... Il va pousser un cri et les visiteurs prendront la fuite comme un seul homme... Ca y est! Qu'est-ce que je vous disais!

 

S.R: Que se passe-t-il? Un séisme? Le RER circule sous le musée Grévin? Est-ce un Attentat?

 

A.N: Rien de tout cela... En courant sur la scène, les Homosapiens déclenchent une onde de choc qui se propage jusqu'à moi... D'où mon état permanent de Stupeur et Tremblements...

 

S.R: Un bruit court concernant votre façonnage...

 

A.N: Ah... Vous avez perçu l'écho jusqu'à Binche... C'est incroyable!

 

 

S.R: Quelques bribes seulement poussées par le vent... Le martèlement des sabots de gilles sur les pavés ne me permit pas de tout distinguer...

 

A.N: Je peux vous en raconter les grandes lignes...S.R: Rien ne me ferait plus plaisir!

 

A.N: Pour cela, il faut revenir en arrière... A l'instant où les kilos de cire furent introduits dans la fonderie... Le PC, avec ma photo en mémoire, y était relié... Par je ne sais quelle alchimie et après plusieurs heures de patience, la porte s'ouvrit et j'apparus... L'ouvrier chargé des finitions s'écria: Méthaphysique des Tubes...S.R: Je ne vois pas le rapport...

 

A.N: J'ignore la nationalité du pauvre bougre... Toujours est-il qu'en me voyant pour la première fois, il fut terrifié et voulut très certainement dire: Mais qu'est-ce que tu as le physique d'enfer!... Enfin... C'est ce que j'en ai déduit...

 

S.R: Et alors?

 

A.N: Le directeur et le sculpteur ont accouru... Ils ont tourné les talons et se sont enfermés dans le bureau pour tenir un long conciliabule...

 

S.R: Et alors?

 

A.N: Après un temps indéfini, il semble que je fus victime d'une machination...

 

S.R: Et alors?

 

A.N: Si vous espérez voir Zorro arriver sur son destrier avec vos "Et alors", vous n'avez aucune chance... Je poursuis mon récit...S.R: Faites... Faites... Je suis impressionnée!

 

A.N: Selon le directeur, Les Combustibles qui furent utilisés ne me convenaient pas...S.R: Vous allez prétendre dans 30 secondes que le Mercure était monté trop haut...

 

A.N: Justement pas... Les degrés Celcius n'étaient pas assez élevés, d'où, ce froid intense qui m'habite... J'aurais aimé endosser mon Peplum... Malheureusement, il est resté accroché à la patère du vestibule... Mais là n'est point le pire de ma vie!

 

S.R: Ah... Parce qu'il y a plus grave?

 

A.N: Evidemment... N'avez-vous pas remarqué mon grimage? Je suis la première à me plaindre de l'éclairage... Mais de là à prétendre que vous ne vous en êtes pas aperçue... Je ne puis y croire!

 

S.R: Je ne voulais pas vous faire affront... Néanmoins, il est vrai que vous êtes pâle à faire peur à un mort...

 

A.N: C'est une longue histoire... Peut-être en avez-vous marre d'écouter les Catalinaires de la poupée de cire que je suis...

 

S.R: Non... Allez-y... J'adore vos histoires où vos partenaires sont très très laids à moins qu'ils soient très très beaux...

 

A.N: J'avais une amie intime à qui je faisais des confidences...

 

S.R: Etait-elle rousse?

 

A.N: Pourquoi rousse? Et puis... Cessez de m'interrompre...

 

S.R: Comme ça... Une idée qui me traverse l'esprit... Je vous en prie... Poursuivez...

 

A.N: Saviez-vous qu'un sein, en langage familier, est appelé Robert? Non?... Bref... tout cela pour vous dire que Robert des Noms Propres, avec qui j'étais si proche, n'a pas supporté que je me détourne d'elle... Et la belle, d'abord mon amie, devint mon ennemie...

 

S.R: Quel rôle joue-t-elle dans votre physionomie actuelle?

 

 

A.N: Le rôle le plus affreux... Elle se fit passer pour la nouvelle maquilleuse et débarqua avec sa trousse que j'ai surnommée Cosmétique de l'Ennemi...

 

S.R: Nom tout à fait approprié et de circonstance vu votre faciès et sachant que vous étiez intimes... On pourrait appeler cela, un Sabotage Amoureux...

 

A.N: Je n'aurais pas pu mieux dire!

 

S.R: Avez-vous d'autres anecdotes à me narrer?

 

A.N: Là comme çà... Voyons... Non... Je ne vois pas...

 

S.R: Parlez-moi de vos amours avec la belle Christa...

 

A.N: Sûrement pas... J'ai tiré un trait et ce nom est tabou... Depuis que je l'ai tuée... Je me suis rebaptisée Antéchrista... Et il est interdit de prononcer le nom de la traîtresse en ma présence!

 

S.R: Etant donné votre grand appétit pour les mots... Quelle allégorie gardez-vous secrète?

 

A.N: Ne vous imaginez pas que je vais vous dévoiler le moindre de mes secrets... Si vous tenez tant à tout connaître, je vous enjoins à lire ma Biographie de la Faim... Je vous assure que vous ne risquez point l'indigestion... Cela se savoure comme un chocolat qui fond sur la langue et s'écoule doucement vers le fond de la gorge pour laisser dans son sillage une traînée de satisfaction intense...

 

S.R: J'en salive à l'avance! ... Et en 2006, n'avez-vous point essayé de lancer un hebdomadaire?

 

A.N: Si... Effectivement... C'était une époque où j'errais entre deux chapitres de ma vie... Le Journal d'Hirondelle ne parut qu'une seule fois...

 

S.R: Pourtant, le nombre d'exemplaires laissait entendre qu'il était promis à un bel avenir...

 

A.N: Justement... Pour éviter de subir le déclin qui aurait immanquablement suivi, j'ai préféré arrêter la publication alors que l'ouvrage était au zénith de sa carrière... Question de stratégie... Il prendra de la valeur...

 

S.R: Soit... Passons... N'auriez-vous pas récemment eu un différend avec l'administration que vous avez contrainte à vous indemniser?

 

A.N: Existe-t-il une parcelle de ma vie dont vous êtes ignorante? Pour tout vous avouer... Le Fait du Prince, Laurent ou Philippe... Là n'est pas la question... Je vous laisse libre du choix concernant ledit prince, était une rumeur en mal de sensationnel...

 

S.R: Il me semble que ça fait un certain temps que plus âme qui vive ne soit passée sur la scène...

 

A.N: Vous avez raison... Je suppose qu'il est bientôt l'heure de la fermeture... J'ai pris grand plaisir à discuter avec une fan...

 

S.R: Détrompez-vous... Je ne suis pas fan...En réalité... C'est mon jour de bonté envers les bestioles... J'ajouterai même que, si j'étais un arbre, je prendrais mes racines autour du tronc et je courrais me cacher au fin fond de l'Amazonie afin d'être sûr de ne pas être transformé en papier que vous utiliseriez comme support de vos élucubrations...

 

A.N: Vous m'auriez jeté au visage de l'Acide Sulfurique que vous ne m'auriez pas fait plus de mal... Adieu!

©Mannuella Iseni

 



11/04/2014
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