Poétesse ... écrivain ... funambule des mots

Dans l’amphithéâtre de Saintes … vestiges de la gloire romaine … sur la piste de sable … j’ai croisé un étrange gladiateur … armé d’un objet non moins étrange … qui d’un clic m’a capturée … Prisonnière dans sa boîte … je suis figée … alors que l’instant d’avant … je
virevoltais telle une ballerine … je flânais … plume légère et insouciante … sur la piste face aux spectateurs assis dans les gradins … ici et là … un promeneur … venu admirer les splendeurs d’une illustre époque … suivait mes combats imaginaires … le bien contre le mal … mais était-ce vraiment cela ??? N’était-ce pas plutôt … un court instant … un moment de bonheur … juste moi … femme libre et heureuse d’être là … loin des problèmes du quotidien ??? Bien sûr que si … que n’en déplaise à Jules … les arènes de Saintes furent pour moi … autant un bon dans le passé qu’un instant de pur bonheur où la désinvolture fut de mise … Bien que l’entrée fut glorieuse … à défaut de triomphale  … je n’ai vaincu aucun peuple … encore heureux que je n’ai point vingt Q … j’en ferais quoi pour m’asseoir ??? Déjà qu’en caser un … le mien à priori … n’est pas toujours chose aisée … mais vingt … franchement comme ferais-je ??? Parenthèse faite, revenons à nos moutons … et quittons l’amphithéâtre … rendant à César la plénitude dont il bénéficie depuis des millénaires … pour nous rendre à la basilique … J’en cueillerais bien quelques feuilles pour aromatiser mes tomates … mais il paraît que cela ne se fait point … à vrai dire … pas très verte cette basilique … et plutôt vachement consistant … St Eutrope !!!

Ah ces saints et leur nom à coucher dehors avec un ticket de logement en poche … j’en ai deux … sein gauche et sein droit … ne pourrait-on leur donner des noms aussi simples ??? Saint 1 … saint 2 … saint 3 … saint 4 … etc … mais bon … arrive un moment où ça serre dans le soutien … et c’est saint serre !!! Mais Eutrope … d’où vient un nom aussi incongru ??? Euh … Trop ecclésiastique pour ma petite personne … Tâchons de redescendre sur terre … la sagesse est de rigueur en ces saints lieux … « Seigneur pardonnez-moi de tourner en dérision votre demeure … Je ne recommencerai plus … Euh … jusqu’à la prochaine fois … mdr » … j’ai beau tenter de prendre un air « Angylique » … rien n’y fait mais avouez que  je n’ai rien de St Jean !!!

La bienséance voudrait que je sois sérieuse mais comment l’être quand les rayons du soleil traversant les vitraux jouent les stroboscopes … mariant le rouge sang au bleu royal … et sur les dalles se forme un mandala géant que l’astre du jour renouvelle selon sa position animé par les jeux d’ombre animés par les nuages … je pourrais rester là indéfiniment … jouer à la marelle dans la nef pour atteindre le ciel …

Descendue dans la crypte … je m’auto-baptise … Sacrilège !!! Oser poser son popotin dans les fonts baptismaux … « Santa Maria … priez pour moi pauvre pécheresse » … Ah  ben tiens … je m’auto-prie aussi … Maria étant mon second prénom … pauvre j’avoue … pécheresse … euh … trop ecclésiastique pour ma petite personne vous ai-je déjà dit … Mais pourquoi demanderais-je de me pardonner mes pensées pures … ou impures … selon la morale des uns et des autres ??? Je les trouve … au contraire … très sein
serrement saines … ayant en permanence Saint Droit et Saint Gauche pour me guider sur le chemin de la vie … La crypte serait-elle à deux pas de l’enfer ??? Car depuis que j’ai fraichi les portes de cet édifice … le petit démon qui sommeille en moi est à la fête … me poussant jusqu’à l’autel où dans ma tête résonne les paroles du grand Eddy Mitchell … « mes bien chers frères … mes bien chères sœurs … pas de boogie woogie avant vos prières du soir … lalalala » … Silence !!!

Mieux vaut que je quitte les lieux avant qu’Eutrope ne fasse un triple salto arrière dans son caveau au pied de l’autel … à moins que comme moi … il dans le boogie woogie … mais a-t-il fait ses prières ???

Mon très cher ami César

Votre impériale aura

A traversé les remparts

Des ans, s’offrant au regard

Des  visiteurs comme moi.

Et dans votre amphithéâtre

Un son imaginaire

Me fait danser sur l’ère

Du temps pour me conduire

Dans ma maison du Père

Où j’poursuis mes délires.

De l’autel à la crypte,

Caveau de Saint Eutrope,

Le grand Eddy s’invite

Afin que sur la piste

Improvisée, j’m’éclate.

Les fonts baptismaux captent

Mon penchant dévergondé

Où sans aucune crainte

Je grimpe et fait trempette

J’en sors les fesses vertes.

Je n’ai rien d’une Saintes !

©Mannuella Iseni